Saint-Louis III - Patrouilleur auxiliaire
Le chalutier à vapeur Saint-Louis lll, de l'armement A.Coppin & compagnie de Boulogne avait été réquisitionné en 1915 par l'état français, pour les besoins de la marine nationale pour la durée de la guerre contre l'Allemagne.
Un équipage avait été désigné pour prendre possession du bâtiment, et l'amener à l'arsenal de Cherbourg pour transformation en patrouilleur auxiliaire. Le chalutier de 103 tonnes était du type trawler (FV). Il avait été construit en 1912 au chantier Baheux et frères à Boulogne. Il était immatriculé ID n° 44267.
L'équipage placé sous le commandement du maître de manœuvre Éloy Augustin-Guillaume était composé de 16 marins. A l'arsenal de Cherbourg, il avait pour mission de suivre et de réceptionner les travaux de transformation qui consistaient à l'installation d'un canon de 47 mm sur la plage avant.
Admis au service actif de la marine nationale, dès le 11 juin 1915, il avait intégré la Flottille des patrouilleurs de la Manche, basée à Cherbourg. Il avait pour mission d'assurer la surveillance des abords du port de Fécamp.
Le 18 janvier 1916, au large de Boulogne sur Mer (Pas-de-Calais), le bâtiment s'était porte au secours du dragueur auxiliaire Auvergne, qui venait de sauter sur une mine posée par le sous-marin allemand UC-3. A la suite de cet événement, le maître de manœuvre Eloy Augustin-Guillaume, qui commandait alors le bâtiment, se vit accorder, par une décision du ministre de la marine en date du 6 février 1916, parue au journal officiel du 8 février 1916 (page 1093), un témoignage officiel de satisfaction "pour l’initiative, la présence d’esprit et l’habileté professionnelle dont il avait fait preuve au cours des opérations de sauvetage d’un chalutier qui avait heurté une mine".
Le 1er juillet 1916, le maître Éloy Augustin-Guillaume, commandant le patrouilleur auxiliaire Saint-Louis lll, était promu au grade de premier maître.
En mars 1917, le patrouilleur auxiliaire Saint-Louis III était en patrouille entre Fécamp et Antifer. Dans l’après-midi du 30 mars, il avait escorté jusqu’au port de Dieppe un cargo à vapeur qui devait se joindre à un convoi montant vers le nord. Il était reparti à 20 h 30 pour rejoindre sa zone de surveillance par la route normale. Au cours de la même nuit du 30 mars 1917, le cargo à vapeur britannique Edernian, de 3587 tonnes, de l'armement Owen Watkins William and Co de Cardiff, allant du Havre à Middlesbrough sur lest, naviguait en convoi. A 20 h 30, à 3 milles au nord-est de Saint-Valéry-en-Caux, une explosion s’était produite sur son avant faisant une large brèche entrainant une voie d'eau. Bien qu'avarié, le bâtiment continuait de flotter et pouvait évoluer.
Se trouvant à proximité du convoi à hauteur de Saint-Valéry-en-Caux, le patrouilleur Saint-Louis lll s'était rapidement porté au secours du cargo Edernian qui venait d'être touché par une mine. À son tour, alors qu'il se trouvait à 180 m environ du cargo, il saute sur une des six mines mouillés le matin même par le sous-marin allemand UC 71. Il faisait clair de lune et l’explosion avait été clairement vue. Un morceau de cornière du patrouilleur était tombé sur le pont du cargo et les appels de l’équipage qui se débattait dans l’eau avaient été entendus. Le cargo Edernian avait aussitôt mis une embarcation à la mer, mais n’avait pu recueillir aucun survivant du patrouilleur qui avait coulé. Sur ces entrefaites, un autre chalutier était arrivé sur les lieux du naufrage, mais n'avait recueilli aucun survivant lui non plus. Appareillé de Zeebrugge le 28 mars, le sous-marin allemand UC 71 avait mouillé, dans la soirée du 29 mars, un barrage de 6 mines devant Le Tréport (n°269), suivi d'un second barrage de 6 mines aussi devant Dieppe (n°269a) et enfin les 6 dernières devant Saint-Valery-en-Caux. Après ces minages, le sous-marins UC 71 avait pratiqué la guerre au commerce dans la Manche et le golfe de Gascogne, coulant 10 navires avant de regagner sa base le 13 avril 1917.
Un jugement rendu le 31 janvier 1918 par le tribunal civil de Cherbourg avait déclaré constant le décès, morts pour la France, des seize membres de l'équipage du patrouilleur Saint-Louis lll sur lequel ils étaient embarqués lors de la perte du bâtiment au large de la commune de Saint-Valéry-en-Caux (Seine-Maritime) le 31 mars 1917. Le jugement avait été transcrit le 15 février 1918 sur les registres d'état civil de la mairie de Cherbourg.
Par arrêté du ministre de la marine du 4 janvier 1922, les seize membres de l'équipage du patrouilleur auxiliaire Saint-Louis lll, disparus en mer lors de la perte du bâtiment sur lequel ils étaient embarqués ont été inscrit au tableau spécial de la médaille militaire, à titre posthume. Ils étaient cités à l'ordre du régiment en ces termes : "Glorieusement engloutis avec le patrouilleur Saint-Lois lll, coulé sur une mine le 30 mars 1917". Cette citation comporte la croix de guerre avec étoile de bronze. Le matelot Renouf Eugène-Jean, déjà cité en 1915, avait reçu la croix de guerre avec étoile d'argent.
Sources :
- Dictionnaire des bâtiments de la flotte française de Net-Marine
- Groupe de recherches et identifications d'épaves en Manche (GRIEME)
- Forum Pages Guerre 14-18
- Journal officiel de la république du 8 février 1916 :
- Journal officiel du 12 janvier 1922 (pages 602 à 606)