Manureva - Chalutier côtier
Manureva était un chalutier côtier, à coque polyester, construit en 1995 aux chantiers Plasti Pêche de l’Aiguillon sur mer (Vendée). Son premier propriétaire, Emmanuel Avrilla de Saint Hilaire de Rietz pratiquait le métier des casiers, le bateau était immatriculé aux Sables d’Olonne. Les caractéristiques de Manureva étaient : longueur : 11,90 m – largeur : 3,85 m – creux : 1,25 m – jauge brute : 11,85 tonneaux – puissance motrice 268 kw.
En 2004 le bateau est racheté par Philippe Gautier, de Saint Cast Le Guildo, qui va le transformer en chalutier en 2006. Avec deux matelots il pratique le chalutage côtier en baie de Saint Brieuc, et la coquille Saint Jacques en saison.
Manureva avait appareillé du port de Saint Cast le lundi 22 janvier 2007, vers 18h30 pour chaluter de nuit en baie de Saint Brieuc. Il aurait dû rentrer au matin, et l’épouse du patron inquiète de ne pas avoir eu de contact téléphonique avec son mari, alerte le sémaphore de Saint Cast. Peu de temps après, le personnel du sémaphore aperçoit une coque retournée à un demi mille au sud de la jetée du port. Les conditions de mer sont particulièrement difficiles, vent de N/E force 6 à 7, mer très agitée.
Vers 2h00 du matin, Manureva avait été en contact radio avec un autre chalutier à la suite de son dernier trait, il avait alors mis en route pour rejoindre le port de Saint Cast ; a quatre heures ses feux sont encore vus par un autre chalutier, ensuite plus rien. On suppose donc que Manureva a chaviré entre 4 et 5 h du matin, à cause sans doute de phénomènes naturels dus aux conditions météorologiques qui se sont conjugués et additionnés. Le bateau se trouvait, au moment de l’accident sur une zone de hauts fonds particulièrement délicate à traverser surtout par mauvais temps, avec mer et vent de l’arrière ; zone où la hauteur des vagues est amplifiée. Le naufrage a été traître et brutal car la balise de détresse n’a pu être déclenchée et bien sur le radeau de sauvetage n’a pas été non plus largué, sa position sous la coque après le chavirement empêchant tout largage.
En début de matinée un plongeur est déposé sur la coque, mais il lui est impossible d’intervenir, vu l’état de la mer. Pendant ce temps la coque retournée continue à dériver vers la côte, mais le remorquage s’avère impossible car l’un des panneaux du chalut s’est déssaisi et traîne sur le fond. A 11h00 l’un des plongeurs entend distinctement des coups sur l’avant du bateau, coups qui proviennent de l’intérieur, indiquant la présence d’au moins un survivant. A 11h25 l’épave peut enfin être prise en remorque ; à 13h00 elle se redresse et se couche sur le côté, à ce moment un corps remonte à la surface et est récupéré. En début d’après-midi la décision est prise de découper la coque et le survivant qui était seulement passager pour la marée, est récupéré, en état d’hypothermie, puis c’est le corps du patron qui sera retrouvé dans l’épave. Le corps de la troisième victime sera retrouvé le surlendemain sur la plage de Saint Cast.
Les victimes de ce naufrage sont : Philippe Gautier, 40 ans patron – Serge Buzon et Gérald Pierre.
Sources :
Archives Le Télégramme
Rapport BEA mer
Archives Alain Gourret
photo collection Christian Maheut