Frédéric Le Mouillour Mémorial national des marins morts pour la France
 
 
 
 
 

Paris II - Patrouilleur auxiliaire

Paris-II001

Le chalutier Paris est mis en construction en 1913 aux chantiers Augustin Normand au Havre (Seine-Maritime), pour l'armement Lobez, Poiret, et compagnie de Boulogne-sur-Mer.

Le chalutier à coque bois mesure : 55 mètres de long, 8,50 mètres de large et 5,60 mètres de creux. D'un déplacement de 1200 tonnes et d’une jauge brute de 551 tonneaux, il est propulsé par une hélice accouplée à une ligne d'arbre entraînée par une machine alternative à vapeur de 895 ch. Il est mis en service en 1914, et armé par un équipage de 30 hommes. Il est immatriculé à Boulogne sous le n° B 355.

Le 23 septembre 1914, le chalutier est réquisitionné par l'état français pour la durée de la guerre contre l'Allemagne ; il servira comme patrouilleur auxiliaire au profit de la marine nationale. Le bâtiment rallie l'arsenal militaire de Brest pour y subir des transformations qui consistent en l'installation d'une artillerie et l'aménagement de soutes à munitions et de logements supplémentaires. L'artillerie est composée comme suit : un canon de 100 mm à l'avant, 3 canons de 75 mm sur le pont de part et d'autre de la passerelle et à l'arrière, et un canon de 47 mm contre avions.

A l'issue des travaux, il est mis en service sous le commandement du lieutenant de vaisseau Camille Paponnet. Le bâtiment est classé patrouilleur auxiliaire, et renommé "Paris II". Il rejoint alors la Méditerranée orientale où il intègre la 2e division des flottilles de l’Armée Navale d'Orient. Rapidement, il est reclassé aviso compte tenu de son fort tonnage. Il forme avec le "Nord Caper", la division "Corsaire". Il est chargé, depuis son arrivée à Milo, de missions secrètes autant que périlleuses dans les eaux du Levant sur les côtes d’Asie Mineure et de Syrie. Il intègre ensuite la 7e escadrille des patrouilleurs de la division navale de Syrie.

Le 17 décembre 1915, le "Paris II", se distingue dans le golfe de Sellum, à la frontière ouest de l'Égypte. Il attaque un sous-marin ennemi rapide et puissamment armé ; il le contraint à se retirer après un combat d'artillerie qui a duré deux heures et demie. Le bâtiment est cité à l'ordre de l'Armée pour la bravoure remarquable de l'état-major et de l'équipage lors de cette action de combat. Sous le commandement du LV Paponnet, le Paris II a saisi ou coulé 11 goélettes ennemies entre juillet 1916 et février 1917, et a conquis de haute lutte la réputation de "bateau-pirate".

La section de patrouilleurs stationne fréquemment dans le port de l'île grecque de Castellorizo pour ravitailler la population et le corps d'occupation de l'île. Cet îlot d'une superficie de 28 km carrés est situé près des côtes de la Turquie, à 125 km à l'est de l'île de Rhodes. C'est le territoire le plus à l'est de la Grèce. Compte-tenu de la position confuse de la Grèce au début de la guerre, la marine française en avait pris possession le 24 décembre 1915, et en avait fait la base de sa première Armée Navale.

Le 6 janvier 1917, l'île Castellorizo est bombardée par des unités allemandes. Les bombardements se poursuivent jusqu'au 19 janvier suivant. Le 20 janvier, une quinzaine d'embarcations chargées de soldats en armes tentent de débarquer à Mégiste où se situe la seule plage de l'île. Toutes les embarcations sont détruites et coulées par la modeste artillerie de 65 mm de la citadelle. Une grande partie de la population de l'île a ensuite été évacuée vers l'Egypte.

En février 1917, le lieutenant de vaisseau Henri Rollin prend le commandement du patrouilleur "Paris II". A cette époque, la section formée du Paris II et de l'Alexandra de l'escadrille de patrouilleurs, opère dans un secteur compris entre le cap Aloupo, situé face à l'île grecque de Rhodes, et le cap Anamour, situé face à l'île de Chypre.

En juillet 1917, un officier supérieur français, le capitaine de corvette Le Camus, est nommé gouverneur de l'île Castellorizo, et commandant le corps d'occupation français. Les services de renseignements de la division navale de Syrie ont signalé qu'une artillerie de 75 mm turque s'était déplacée de la ville d'Adalia pour se positionner au cap d'Avova. Le contre-amiral Varney, commandant la division signale le départ imminant de goélettes ennemies vers Tripolitaine escortées par des sous-marins. Il est donc nécessaire de patrouiller le long des côtes turques de la province d'Antalya.

Le 17 novembre 1917, le Paris II mouille à Castellorizo pour décharger le ravitaillement apporté de Port-Saïd en Egypte et débarquer une section de la division d'Orient en renfort pour la garnison de l'île. Le 19 novembre, il appareille pour sa tournée habituelle à Rhodes et un retour à Castellorizo prévu le 12 décembre. Le capitaine de corvette Le Camus, gouverneur de l'île, formule la demande de disposer de nouvelles embarcations. Les matériels neufs provenant de France sont destinés prioritairement aux armées du front ; mieux vaut compter sur les prises faites devant les côtes ennemies.

Le 9 décembre 1917, la section patrouille dans le golfe d'Adalia (aujourd'hui Antalya) le long des côtes turques pour repérer les positions de l'artillerie ennemie en vue de les neutraliser. Dans une crique au nord du cap d'Avova, elle réussit à capturer une barque chargée de peaux et de fruits. Celle-ci est en mauvais état au point qu'elle coule dès son remorquage. Le 10 décembre, elle va reprendre des agents du renseignement à un rendez-vous fixé sur la côte. Le 12 décembre, la section pénètre dans la baie Makry et détruit un canon turc et des baraquements. Le Paris II reçoit un message signalant à Adalia, la venue de troupes prêtes à débarquer sur l'île de Castellorizo. Dès lors, le LV Rollin prévient le Gouverneur de l'île que son retour est ajourné.

Le 13 décembre 1917 le Paris II, et l'Alexandra naviguent le long des côtes de Turquie. La section de patrouilleurs passe une nouvelle fois au cap d'Avova, et aperçoit dans la même crique que celle visitée le 9 décembre une barque qui semble en bon état. La baleinière du bord est mise à l'eau avec le corps de débarquement et accoste la barque. Simultanément le Paris II subit des tirs d'obus d'une batterie terrestre turque et la baleinière est mitraillée.

Bien que très endommagé par les obus, le Paris II riposte avec vigueur, se faisant couler plutôt que d'amener son pavillon. Les obus ont provoqué un incendie qui se propage rapidement dans le bord. Après une vingtaine de minutes, trois canons sont détruits et l'arrière du bâtiment s'enfonce. Le patrouilleur coule à l'entrée de la crique après que le commandant eut donné l'ordre d'évacuer le navire.

Sur les 47 membres de l'équipage,19 sont morts pour la France, tués, disparus en mer ou morts en captivité, 16 marins ont pu rejoindre le rivage à la nage et ont été fait prisonniers, dont le commandant, le LV Rollin ; 12 survivants ont pu rallier Castellorizo avec la baleinière du bord deux jours plus tard après avoir parcouru 140 km à la rame.

Un jugement rendu le 7 mai 1919 par le tribunal civil de Brest a déclaré constant le décès de 15 marins français disparus en mer au cap Avova. Un acte de décès a été dressé par le corps d'occupation de l'île Castellorizo en Méditerranée pour le marin Laouénan, et un acte de décès a été dressé par les autorités turques, pour le décès du marin Bouvier.

Le patrouilleur Paris II est cité à l'ordre de l'Armée à deux occasions :

1re citation : "Aviso auxiliaire PARIS II : pour la bravoure admirable avec laquelle l’état-major et l’équipage de ce petit bâtiment ont tenu tête pendant deux heures et demie à un sous-marin ennemi plus puissamment armé et plus rapide qui a été néanmoins contraint de se retirer devant eux" (J.O. du 4 février 1916).

2e citation : "Aviso auxiliaire PARIS II : pris au cours d’une opération de guerre sous le feu violent d’une batterie de terre qui l’a désemparé dès les premiers instants, a sombré après un combat inégal de vingt minutes" (JO du 16 janvier 1919).

Les officiers et marins provenant du chalutier Paris II, disparus le 13 décembre 1917, qui ont pris part aux actions visées par les deux citations, obtenues par ce bâtiment ont droit, à titre individuel, au port de la fourragère aux couleurs de la "Croix de Guerre".

Sources :

 

Dictionnaire des bâtiments de la flotte de JM Roche :

Les navires de la Grande Guerre – Patrouilleur Paris II :La guerre sous-marine 14-18,

Ouvrage : "Le dernier combat du Paris II", de R Gaudin de Villaine édité à Toulon en 1920

Ouvrage : "Pavillon haut" de Paul Chack, édité aux Éditions de France en 1929

 

http://www.navires-14-18.com/fichiers/P/PARIS

www.histomar.net

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