Joseph Adolphe HUET
Né le 24 novembre 1875 à Saint-Suliac (Ille-et-Vilaine (35))
Longwy
Le « Longwy » était un cargo à coque acier et propulsion vapeur construit en 1902 pour le compte de la Société des Chargeurs de l’Ouest dont le siège social était à Nantes.
Il avait été lancé le 19 octobre 1903 à Chantenay sur Loire, par la société anonyme des Chantiers Nantais de Constructions Maritimes. Immatriculé à Nantes, le 31 octobre 1903, sous le N° 64...
Joseph naît le 24 novembre 1875 à Saint-Suliac, petit village typique de pêcheurs, près de Saint-Malo, sur les côtes bretonnes (Ille-et-Vilaine). Il est le fils de Joseph HUET, marin, et de Marie GOUIN, son épouse, tous deux domiciliés à Saint-Suliac. Joseph embarque très jeune, avec son père, comme marin à la pêche. Il est inscrit maritime au quartier de Saint-Malo.
A 20 ans, il est appelé pour effectuer son service militaire. Il est incorporé dans la Marine nationale en 1895 à Cherbourg, au ‶1er Dépôt des équipages de la flotte″ du ‶1er Arrondissement maritime″. Il y fait sa formation militaire. A l’issue de cette formation, il est breveté de la spécialité de manœuvrier. Il est alors affecté à la «Défense mobile » du Port de Cherbourg. Le 29 avril 1899, après quatre années de service militaire, il est versé dans la réserve de l’Armée de mer, avec le grade de matelot breveté de 1re classe de la spécialité de manœuvrier.
De retour à la vie civile, il va suivre les cours de formation à la navigation hauturière à l’école d'hydrographie de Saint-Malo, pour poursuivre sa formation de marin de commerce. Diplômé de l’école des officiers de marine marchande de 2e classe le 29 février 1900, il navigue comme second capitaine, sur les grands voiliers marchands "Jeanne d'Arc" et ‶Asie‶, de la Société des Voiliers Nantais.
Le 30 avril 1901, il obtient le certificat d'aptitude au commandement. Ce certificat est confirmé le 19 janvier 1903, par le commissaire de l'inscription maritime de Saint-Malo, au retour d'un voyage en Australie, effectué dans des conditions difficiles sur ce dernier bâtiment.
Le 6 mai 1905, Joseph Adolphe HUET se marie à la mairie de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine, avec Marie Virginie Constance CHÂTELET, native de cette commune. Les époux HUET sont domiciliés à Saint-Malo, 3 Rue de la Mettrie. De cette union naissent quatre enfants : Marie-Josèphe (1906-1979), Annick Josèphe Marie (1908-1996), Joseph Marie (1911-1963), et Pierre (1915-1978).
De 1907 à 1912, il commande essentiellement le trois-mâts carré "Vercingétorix" de la Société des Voiliers Nantais pour différents voyages, du 21 juin 1906 au 23 juin 1907 : Dunkerque et Le Havre en France, à New York aux État Unis d’Amérique- Newcastle et Sydney (Australie) et Falmouth et Birkenhead au Royaume-Uni. C'est lors d'un voyage sur ce même navire "Vercingétorix", que son équipage et lui, réalisent l'exploit de joindre les ports de Cardiff, port du Pays de Galles en Grande-Bretagne à Bremerton, ville portuaire dans l'État de Washington au États-Unis d’Amérique, en 147 jours par le cap Horn.
Il réalise par la suite le voyage de Cardiff à Port Adélaïde (Australie) et retour à Londres d’août 1909 à juin 1910 ; puis le voyage de Londres à Thio (Nouvelle Calédonie) et retour à Glasgow (Ecosse) de juillet 1910 à avril 1911.
En 1913, le Capitaine Joseph HUET commande le trois-mâts "Guerveur" Le 30/01/1914, après avoir chargé du minerai de nickel à Thio en Nouvelle Calédonie, son équipage et lui doivent lutter durant 11 jours au large de la Nouvelle Zélande dans une tempête-ouragan. L’équipage doit réparer en mer les avaries, et rétablir une voilure de fortune en vue de poursuivre le voyage et atteindre Le Havre après 186 jours de mer. Lors de cette fortune de mer, le navire est déclaré perdu corps et biens par la compagnie, et son épouse a revêtu le voile de veuve, pour s'en débarrasser au terme du voyage tourmenté du bâtiment et du retour de son époux.
Le 8 janvier 1917, il est désigné pour assurer les fonctions de commandant du cargo à vapeur ‶Longwy″, réquisitionné par l’État Français, pour les besoins de la guerre contre l’Allemagne. Ce bâtiment, naviguant sous pavillon de la Marine nationale, doit transporter du minerai de fer de Bilbao en Espagne à Glasgow en Ecosse. Ce chargement est hautement sensible en pleine guerre mondiale.
Pour cela, le Commandant HUET est nommé lieutenant de vaisseau auxiliaire par l’Etat-Major général de Marine. Le bâtiment a été modifié pour être armé de canons de défense contre sous-marins, et ces armes sont conduites par un détachement de marins de la Marine nationale.
Alors qu’il était en route depuis Bilbao pour débarquer un chargement de minerai à Glasgow, le "Longwy" est pris en chasse le 4 novembre 1917 par un sous-marin ennemi, dans le canal du Nord, zone de la mer d’Irlande comprise entre l’Irlande du Nord et l’Ecosse. Le bâtiment est torpillé dans le canal Saint-Georges alors qu’il se trouve à seulement quelques milles du port de destination. Le bâtiment coule, et emporte avec lui la presque totalité de l’équipage qui disparait en mer.
Le corps du Commandant HUET, ainsi que ceux de deux marins de l'équipage, retrouvés à la côte après le torpillage du ‶Longwy", sont recueillis par la population de Girvan (Écosse) et inhumés officiellement en son cimetière. Les actes de décès de ces trois marins sont dressés le 6 novembre en langue anglaise par la paroisse de Girvan, puis traduits en langue française, et transcrits le 3 avril 1918 au consulat général de France de Glasgow (Écosse). L’acte de décès de HUET Joseph Adolphe est enregistré le 27 mai 1918 au Ministère des affaires étrangères à Paris, et transcrit le 20 juillet 1918 sur les registres de l’État-civil de la ville de Saint-Malo, où était domicilié Joseph HUET. Hélas, l’acte de décès dressé en Écosse, et transcrit à Saint-Malo ne comporte pas la mention ‶Mort pour la France‶.
Les 29 autres marins embarqués sur le ‶Longwy‶, et disparus en mer dans les mêmes circonstances, ont fait l’objet d’un jugement déclaratif de décès rendu par le tribunal civil de La Rochelle, port d’armement du ‶Longwy‶. Pour chacun de ces marins disparus cités, la mention ‶Mort pour la France‶, a été portée après chaque nom. Ce n’est qu’en 2024 que des démarches ont été entamées auprès du Ministère de la Défense pour obtenir la mention ‶Mort pour la France‶, pour le commandant HUET. Celle-ci a été accordée en janvier 2025, et notifiée aux descendants du commandant HUET, et aux mairies de Saint-Malo et de Saint-Suliac.
Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 20 mars 1922 (J.O. 02/04/1922), est inscrit à titre posthume au tableau spécial de la Légion d’honneur, pour le grade de chevalier, dans les termes suivants : ‶Huet (Joseph), capitaine, inscrit maritime à Saint-Malo n° 632 : disparu en mer, le 4 novembre 1917, au cours d’une attaque de son bâtiment par l’ennemi‶. Cette distinction comporte aussi la Croix de guerre 1914-1918, avec étoile de bronze.
A la suite de ce décès tragique, les enfants du défunt ont été déclarés pupilles de la nation par l’État français. Pour pouvoir subvenir aux besoins financiers de la famille, madame veuve HUET, a obtenu, du ministère des finances, une licence pour tenir un commerce de tabacs et de débit de boissons.
En 1924, la famille HUET a obtenu l’autorisation de faire rapatrier le corps du défunt Joseph HUET. L’exhumation à Girvan, et l’inhumation au cimetière de la commune de Saint-Suliac, ont eu lieu, après une cérémonie funèbre à Saint-Malo.
- Légion d'Honneur (chev.)
- Croix de Guerre 14-18 avec étoile (s)



