François Marie Marcel Reure
est né le 19 avril 1917 à Villeneuve Saint-Georges (Val-de-Marne (94))
François Reure est le troisième d’une fratrie de six enfants, deux filles et quatre garçons qui naissent de l’union de René Reure, polytechnicien, ingénieur aux chemins de fer PLM, chevalier de la Légion d’Honneur et d'Yvonne de Montauzan, son épouse. Il passe son enfance entre la rue de la Cerisaie dans le 4e arrondissement de la capitale et la petite commune de Saint Martin d’Estréaux (Loire-42), berceau de la famille, qui doit son nom à la présence d’une voie romaine (strata : rue) qui devient une voie royale puis nationale reliant Paris à Lyon. Son père en sera le maire.
Engagé volontaire le 28 septembre 1937, il rentre à la même date à l’Ecole Navale où il suit les cours théoriques puis participe à la traditionnelle croisière d’application à l’issue de laquelle il est promu enseigne de vaisseau de 2e classe le 1er septembre 1939.Alors que débute la Seconde Guerre Mondiale, il embarque brièvement sur le cuirassé" Dunkerque" puis il est affecté à bord du "Chacal " un contre-torpilleur de 2126 tonnes dont l’équipage compte 233 hommes et qui est chargé de protéger les convois au départ de Brest. François, dans un courrier à son frère Georges, évoque son premier embarquement à bord de ce bâtiment. Sous la menace des U boats, tandis qu'il essuie une période de gros temps ; il raconte :" Le" Chacal " ne chôme pas mais s’il n’est pas très plaisant de rouler bord sur bord pendant des jours et des nuits, cela vaut mieux que de moisir en rade. ״ Il exerce la fonction de chef des transmissions alors qu’il est seulement âgé de 23 ans. "Je travaille dur à bord du Chacal mais j’ai maintenant conscience d’être utile…Les petits bateaux naviguent beaucoup et on y a plus de responsabilités "
Mais la guerre fait rage en mer du Nord. En mai 1940, Boulogne est encerclé par les troupes allemandes. Les contre-torpilleurs "Chacal "et" Léopard "ainsi que les torpilleurs "Orage", "Frondeur" et "Fougueux" sont présents devant ce port. Le 24 mai, face au cap Gris nez, le "Chacal" est bombardé par des stukas allemands et reçoit deux bombes dont l’une atteint le commandant qui est blessé et l’autre, la salle des machines qui s’enflamme, il est ensuite mitraillé puis canonné avec précision par les batteries côtières du cap d’Alprech prises par l’ennemi. Sa machine est inutilisable, son avant est en flammes, l’ordre d’évacuation est donné. Deux bâtiments, l’aviso ″ Arras ״ et le patrouilleur "Messidor " embarquent une grande partie de l’équipage, mais l’enseigne de vaisseau Reure a disparu. Un de ses camarades écrit : ″Je n’avais jamais douté que notre cher François se conduirait en héros; comme nous tous, il souhaitait se sacrifier pour la France."
Son commandant, dans un courrier, exprime ainsi l’estime qu’il portait à ce jeune marin de 23 ans : "La Marine perd en lui un excellent officier au point de vue moral et métier, toujours de bonne humeur et plein d’entrain " "
Par ordre n° 519 /FMN du 5 juin 1940, l’enseigne de vaisseau Reure a reçu la citation à l’ordre de l’Armée de Mer suivante :
"Jeune officier ayant gardé dans des circonstances graves un sang-froid et une bonne humeur extraordinaire ; a secouru avec beaucoup de dévouement le personnel blessé. Disparu en mer. "
Par décret du 8 juin 1940, il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume. Il est titulaire de la Croix de guerre.
Il a été promu enseigne de vaisseau de 1re classe pour compter du 1er octobre 1940.
Son nom figure sur le monument aux morts de la commune de Saint Martin d’Estréaux-42
Son frère Georges connaitra la captivité de 1940 à 1945 à l’oflag de Colditz puis à celui de Lubeck en Allemagne.
Chacal
Pour essayer d'empêcher la prise de Boulogne par les Allemands, l'Etat-Major engagea la 2e flottille de torpilleurs et contre-torpilleurs dont faisait partie le Chacal. Le 24 mai 1940, le Chacal est attaqué, à 08 h 30, par la Luftwaffe, et disposant de faibles moyens antiaériens, il est touché par quatre bombes d'avions (Heinkel/Stukas) au Cap d'Alprecht près de Boulogne. Gravement avarié, il stoppe puis dérive en flammes sous le tir des batte...